Julien Béziat

De la banquise à la baignoire !

Julien Béziat reçoit le Prix des libraires jeunesse du Québec 2018 pour Le bain de Berk. Découvrez son monde…

Le bain de Berk

Le personnage de Berk, créé par Julien Béziat, a conquis les lecteurs de tous âges ayant avec leur doudou une relation, disons…organique. Vous savez, le genre de relation dans laquelle les mauvaises odeurs des doudous jouent un rôle capital dans la relation d’amour.

Pourtant, lorsqu’il écrit et illustre Mäko en 2011, l’auteur-illustrateur nous plonge dans le blanc, dans la pureté, sur la banquise. C’est l’histoire d’un morse qui explore le fond des océans puis remonte à la surface sculpter les animaux observés afin d’indiquer à chacun dans quel coin d’océan trouver son garde-manger. Quelle belle initiative artistique, poétique et pragmatique !

Mais la banquise s’effrite et sans l’intervention de la baleine, qui sait comment cela se terminera. Une manière subtile de transmettre un message écologique à travers ce conte nordique tout en nuance de bleus et blancs. Phoques, pingouins, morses et baleine, ces animaux  tout en rondeur et un peu patauds annoncent déjà les traits du mange-doudous et de certains amis de Berk.

Dans Alors, ça roule ?, Bob la grenouille est aussi Bob la bricole et fabrique de supers planches à roulettes très prisées par ses congénères. Ils lui viendront en aide lorsque Bob se retrouvera aux prises avec un crocodile. Les têtards de papa Crap sont charmants tout comme la grenouille Mamie Zou toute fripée.

La mare et les nénuphars sont le théâtre d’une histoire rigolote et palmée. Les onomatopées en cascade rythment cette chouette histoire d’entraide. Julien Béziat explore encore ici les bleus et ajoute les verts à sa palette.

Puis, Berk fut.

Berk, mon doudou, ma doudou, ma couvert’, ce petit bout de tissu tout doux et tout mâchouillé qui nous accompagne partout, dans les premières grandes aventures de la vie, pour les câlins et les bobos.

Dans Le mange doudous, il sauvera ses amis en se jetant dans la gueule du loup ou plutôt dans celle du mange doudous. Tous les autres doudous, contaminées par la saleté et l’odeur de Berk, seront vomis par le monstre.
L’auteur joue avec les formes, les couleurs et les volumes de tous ces doudous qui finiront essorés, accrochés à la corde à linge. Tout se passe dans la chambre de l’enfant, absent. On peut toutefois voir sa bibliothèque bien garnie, qui servira de cachette à ses amis. Un clin d’œil à Mario Ramos avec son loup qui trône parmi les albums.

Ce qui retient l’attention des jeunes lecteurs et s’avère la grande réussite de cette histoire est la transformation du mange-doudous qui grossit, grandit puis rapetisse. On le découvre tout petit, puis il devient menaçant et enfin terrifiant. Mais bien mal acquis ne profite jamais, on le verra aussi malade et tout bizarre après l’ingestion de Berk, avant de redevenir un petit doudou… pas très beau.

Dans la deuxième histoire de Berk, récemment récompensée par les libraires du Québec, Le bain de Berk, la salle de bain devient le lieu de tous les dangers et la plongée dans le bain moussant, l’aventure ultime. En couverture, la trombine de Berk dans les flots annonce la couleur, celle de l’aventure.

Et je peux vous dire que le bord de la baignoire n’a rien à envier à la grandeur de la banquise de Mäko. A hauteur d’enfants, le lecteur est éclaboussé, chahuté et rigole comme un fou dans les glissades d’eau. On fait connaissance avec les amis du bain, ceux en plastique sagement alignés sur le bord. Encore une fois, l’enfant est absent de la salle de bain. Alors que le bain est en train de couleur, notre héros glisse dans l’eau. Avec de l’eau plein le bec, ses amis restés sur le bord, comprennent mal ce qu’il essaie de dire.
Cette fois, celui qui engloutit tout, le petit éléphant bleu, sera le sauveur de Berk.

Le décor est minimaliste, une baignoire en émail et des carreaux en céramique grise. On y voit pas grand-chose avec toute cette mousse mais l’imagination carbure à plein régime. Et ici, on comprend pourquoi Berk est beurk et cela va faire rire beaucoup et très longtemps les enfants. Pipi dans le bain, un grand classique non ?

J’ai entendu dire que cet automne, l’enfant, celui qu’on ne voit jamais mais qui ne manque pas une miette de chaque histoire, va oublier Berk à l’école. Toute une nuit enfermée à l’école, vous imaginez ? Je demande à lire…pour voir !

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