S’il est un album que chacun devrait posséder dans sa bibliothèque personnelle, c’est bien Max et les Maximonstres de Maurice Sendak. Est-il nécessaire de rappeler ici l’importance de cet album du point de vue de l’histoire de la littérature jeunesse ? En quelques mots: la publication de cet album en 1964, à une époque encore moralisatrice, a fait scandale auprès des adultes bien-pensant trouvant horrible une telle histoire, et choquante que l’idée de raconter et montrer la colère, l’affront à l’obéissance, l’insurrection à la punition. Qu’allaient penser les enfants ? Ne voudraient-ils pas à leur tour devenir violents et répondre à leurs parents ? Et enfin, d’où sortent ces monstres, à quoi font-ils référence? Oui, les adultes ont crié au scandale pointant du doigt une littérature subversive. Mais la littérature dans son ensemble ne l’est-elle pas? Et elle réveille parfois nos monstres…
Ne riez pas ! Il m’est arrivé il n’y a pas si longtemps de croiser des adultes ne comprenant pas le sens de cette histoire et trouvant peu moral, vous savez quoi?…ce petit morceau de gâteau posé sur la table à la toute dernière page par une maman (sans aucun doute bienveillante et aimante ) alors qu’elle avait promis la punition. À cette maman, Maurice Sendak ne donne la parole que pour traiter son enfant de « monstre » au début du livre. Mais magnifie sa place à la fin de l’histoire, par ce geste attentionné et TRÈS important, celui de l’amour.
Cet album, enfin, porte en germe tout ce que la bonne littérature est devenue depuis. Le sens d’un récit bien construit, un lien texte-images incroyable permettant aux enfants de partir en voyage avec Max et surtout, des émotions qui font écho à une chose essentielle: comment fait un enfant pour apprivoiser ses monstres, comprendre la vie et se comprendre ? Max règle cela tout seul, il s’évade et délire, mais revient car c’est un enfant, un humain conscient et non une bête féroce. Sa mère l’a tout à fait compris. C’est pour cela que Max peut accoster dans sa chambre pour y retrouver l’amour dont il a besoin pour grandir, symbolisé par son repas tout chaud.
Longue vie à cet album, nouvellement réédité pour être totalement en symbiose avec sa version anglaise !
Max et les maximonstres, Maurice Sendak, ISBN 9782211222716 (l’école des loisirs)
Ressources et dossiers
Consultez aussi la fiche pédagogique sur ce blogue (ENSEIGNANTS -1er cycle)
