Il y a quinze ans, paraissaient des albums d’Anthony Browne mettant en scène un ourson, des livres comme amorces merveilleuses pour aborder son travail de créateur puisque l’on y retrouve des éléments récurrents de sa création et l’esprit de sa déclinaison du jeu des formes. Ils sont aujourd’hui réédités dans un format plus large, idéal pour l’animation avec des petits.
Ces deux petits albums sont un hymne à la création et à l’imaginaire, utiles pour se sauver de tout et sauver les autres :
un gorille triste ? …et voici un nounours que lui dessine Ourson;
un croco agressif ? …Ourson lui dessine une trompette pour le calmer;
un loup féroce ? …Le dessin d’Ourson révèlera un cochon plus féroce encore qui lui fera face.
Il suffit d’un crayon. De quoi avons-nous peur si nous sommes créatifs ? Mario Ramos exprimait son admiration pour Anthony Browne dans cette facette de son oeuvre affirmant lui aussi qu' »avec un crayon, tout est possible ».
Le livre de petit ours est un livre de rencontres de petit ours avec d’autres animaux et s’achève sur l’aventure qui se poursuivra au-delà du mur de briques qu’il franchit en s’y perçant (dessinant) une porte.
Un conte de petit ours relate ses rencontres avec des personnages de contes célèbres (on peut là aussi faire un parallèle avec certains livres de Mario Ramos). Pas n’importe lesquels, mais les plus dangereux: loup, sorcière, ogre. Quelques indices semés au fil des pages et les solutions trouvées grâce au crayon qui agit par magie apportent de l’humour à l’aventure.
Dans l’un ou l’autre des albums, il y a le même jeu à expérimenter avec les enfants puisque l’on voit le trait du dessin de petit ours amorcer quelque chose, mais c’est à la page suivante que se présente la solution. Il y a là un formidable exercice d’anticipation pour les enfants. Et cette amorce du trait dessiné par petit ours permet non seulement une anticipation de la lecture du dessin et mais aussi du mot. C’est la magie de ces albums si simples et d’une évidence telle que l’on se demande pourquoi ils ne sont pas plus utilisés dans l’apprentissage de la lecture!
Anthony Browne joue avec nos références aux animaux et aux histoires universelles, avec humour et absurdité, montrant que tout est possible.
Esthétiquement, l’on retrouve certaines des caractéristiques qui lui sont propres : la marche continue de profil du personnage principal d’une page à l’autre (imprimant inconsciemment sur le jeune lecteur l’idée qu’une histoire se déroule de gauche à droite), des éléments surnaturels se mêlant à une nature colorée et naïve, inquiétante et symbolique, des lignes de briques dont on s’évade…
On joue, on lit, on découvre des contes, on crée, on imagine d’autres fins. Deux albums incontournables pour les 3-5 ans!
Chez Kaléidoscope, en librairie la semaine du 24 mars.