Explorez le monde des sorciers de J.K. Rowling et profitez de cette aventure littéraire pour faire découvrir aux jeunes lecteurs les différences entre le roman en prose, la pièce de théâtre et le scénario de film.
Nombreux sont encore aujourd’hui les jeunes lecteurs curieux d’entrer dans le monde des sorciers de J.K. Rowling et de faire partie de cette communauté de lecteurs moldus et mordus de lecture. Alors que nous fêterons en 2017 les 20 ans de Harry Potter (Eh oui déjà, cela ne rajeunit pas la 1ère génération de lecteurs), deux textes d’un autre genre littéraire sont récemment venus s’ajouter à la saga de 7 volumes et permettent en classe de découvrir et de comparer certains genres littéraires. Lancez-vous dans des expériences … littéraires.
Retour sur la naissance d’un classique
Souvenez-vous. Lorsque parait en français Harry Potter à l’école des sorciers en 1998, J.K Rowling, mère de famille monoparentale écossaise, voit d’abord son manuscrit refusé par un premier agent avant de connaitre assez rapidement le succès que l’on connait.
Dans ce premier volume aujourd’hui traduit dans environ 80 langues, nous faisons la connaissance de Harry et toute sa bande d’amis et nous vivrons, à leurs côtés, une première année extraordinaire à Poudlard.
Petit à petit, les autres tomes de cette vie de sorcier sont de plus en plus imposants et le dernier compte environ 800 pages. C’est normal, le lecteur grandit au fur et à mesure que paraît la suite de l’histoire (de 1998 à 2008 pour la parution de Harry Potter et le prince de sang-mêlé) et il lui en faut plus pour assouvir sa soif de d’amitié, de magie et de secret.
Aujourd’hui, alors que les sept tomes sont immédiatement disponibles lorsqu’ils entrent dans le tome 1 à l’école des sorciers, il ne passe pas 10 ans avant qu’ils ne complètent la lecture de la série. Ils en ressortent généralement bouleversés par ce premier attachement aussi fort à une famille imaginaire.Mais ils sont si fiers aussi de réaliser qu’ils sont passés à travers la lecture de milliers de pages, tels des héros de la lecture confrontée à l’épreuve initiatique de la lecture. Nombre de lecteurs adultes pourraient les envier… Oui, mais le phénomène Harry Potter est singulier me direz-vous. C’est sûr, cette expérience de lecture est unique mais elle change une vie quand elle se produit et fabrique des lecteurs plus surs d’eux et bien plus aguerris. C’est à ce moment-là qu’il faut les nourrir, ne pas les lâcher et leur faire des suggestions pertinentes car ceux-là sont vifs et affamés (À lire bientôt : Quoi leur conseiller quand ils ont aimé Harry Potter et qu’ils en redemandent).
Il y a donc toutes les raisons aujourd’hui, à partir de la 5e année (environ), d’offrir aux enfants la découverte de ce roman singulier et néanmoins déjà classique, en leur conseillant la lecture du premier volume en classe ou à leur passage en bibliothèque.
Demandez à leurs amis déjà passés par là de jouer au libraire, c’est très valorisant pour les premiers et stimulant pour les autres. Ce sera l’occasion de préparer un petit texte à lire oralement si cela se fait lors d’un événement spécial ou de s’essayer, pourquoi pas, à la rédaction d’une critique.
- Pour ceux qui souhaitent en savoir plus ou envisager une lecture accompagnée en classe, voici le lien vers la fiche pédagogique disponible gratuitement sur le site de Gallimard jeunesse.
- Découvrez aussi cette vidéo de Jean-Francois Ménard, le traducteur de J.K. Rowling pour Gallimard qui se souvient de la découverte de cette langue particulière.
Cela pourra être l’occasion de parler du rôle du traducteur. Dans ce cas, la manière dont le traducteur a contribué à créer le monde de J.K. Rowling en langue française est tout à fait remarquable. Il a dû inventer un univers linguistique cohérent, fidèle à la pensée de l’auteur et capable d’évoluer. Le rôle et la responsabilité du traducteur sont trop souvent gommés alors que leur empreinte est cruciale.
Tous en scène
Plus proche de nous dans le temps, en octobre dernier, une nouvelle histoire de Harry Potter est venue s’ajouter à cette série dont on espérait tant qu’elle ne soit pas terminée. J.K. Rowling, séduite par le projet théâtral de Jack Thorne, a eu l’idée de mettre en scène la nouvelle génération.
Nous retrouvons, 19 ans plus tard, le trio Harry, Hermione et Ron que nous avions quitté enfin réuni et apaisé à la fin de Harry Potter et le prince de sang-mêlé. Nous faisons la connaissance de Albus et Scorpius, les fils de Harry et Malefoy, qui rentrent à Poudlard. Attention, n’est pas méchant ou maudit qui l’on croit. Les questions existentielles sont posées : Où je vais, d’où je viens, qui suis-je ? Ce n’est pas écrit dans la langue de Racine ou Corneille, mais la forme théâtrale est totalement conservée. Œuvre en deux parties contenant chacune plusieurs actes et scènes, voici pour la forme à laquelle adhéreront même les plus réticents. Les didascalies permettent de camper les dialogues dans le temps et dans l’espace. Le temps et l’espace sont des données avec lesquelles l’auteur s’amuse et la magie bouleverse l’ordre du possible. Ce n’est pas gênant à la lecture, bien au contraire, d’une scène à l’autre, on est tenu en haleine. Les personnages sont toujours aussi intrigants; ceux que l’on a connus il y a 20 ans et ceux que l’on découvre aujourd’hui. Les enfants de nos héros d’antan découvrent le poids de l’héritage mais devront finalement prendre leurs propres décisions.
Après s’être familiarisé avec la forme théâtrale, il y a fort à parier que vous n’aurez pas de mal à les convaincre de se choisir un rôle et une scène et à se lancer.
Là encore, les fans la série pourront initier ceux qui découvrent Harry à ce monde étrange et mettre en contexte la pièce. Les sujets des conversations romanesques, philosophiques ou théâtrales à lancer en classe sont nombreux.
En observant la magnifique couverture embossée, tous les scénarios sont possibles : qui est ce jeune garçon et le nid ailé ? Que peut-il symboliser ?
En parlant de scénario, parlons du dernier né de J.K. Je ne parle pas d’un autre héros mais bien d’un autre texte : celui du texte des animaux fantastiques.
Arrêt sur image ! Les animaux fantastiques, le texte du film
Le monde des sorciers ne se limite plus à Harry et aux siens, Norbert Dragonneau semble aujourd’hui lui voler la vedette. Mais attention, ce nouveau héros né d’abord au cinéma pour devenir ensuite héros de papier aura-t-il le même ascendant que Harry ? C’est à voir et à lire !
D’abord né dans les salles obscures en décembre, cette nouvelle histoire est le fruit d’un scénario original de J.K. Rowling.
Un bestiaire d’animaux fantastiques était déjà paru dans la bibliothèque de Poudlard* sous ce titre. Il s’agit bien de cette même famille d’animaux imaginaires. Norbert, ancien élève de Poudlard, magizoologiste de profession, débarque à New-York en 1926 avec sa valise dont s’échapperont certaines créatures magiques qu’il cherche à recenser et à protéger. À l’aide d’amis sorcières et Non-maj’ (équivalent des moldus en Amérique), il doit retrouver tous ses animaux en proie aux forces du mal qu’il lui faudra combattre.
L’auteure met de nouveau en scène des lieux intrigants ou mythiques de cette ville elle-même fantastique. De l’hôtel de ville à Times Square en passant par les couloirs du métro, prenez un plan de la ville pour visualiser les déplacements des personnages et comparez des photos d’époque de ces lieux à des images contemporaines. New-York est assurément un des personnages centraux de ce scénario.
Il ne faudra pas manquer de visionner aussi le film qui est né de scénario après en avoir expérimenté la lecture.
Le texte s’ouvre sur un court glossaire de textes cinématographiques qui nous installe derrière la caméra avec cette impression de tirer les ficelles ou plutôt de voir sous nos yeux naître ce nouvel univers.
Qui a déjà eu l’occasion ou même l’envie de lire un scénario ? Eh bien, croyez-moi, ici, cela fonctionne. Les indications scéniques nous obligent à porter une attention toute particulière aux lieux en train d’apparaître sous nos yeux ébahis de lecteur omniscient.
Plusieurs dessins des créatures fantastiques émaillent le texte au fur et à mesure. Elles invitent à être reproduites et à être colorisées. Chaque lecteur pouvant dresser une fiche signalétique et comportementale de chacune d’elle.
Bref, les idées d’exploitation sont infinies. À ce sujet, lisez aussi l’excellent article de Nicholas Aumais sur le blogue des P’tits mots-dits !
Pièce de théâtre, roman ou scénario, un bon texte nécessite d’abord d’avoir choisi un bon sujet. Si le sujet choisi par l’auteur, qu’il soit réel ou imaginaire, est un bon sujet et que l’auteur s’en empare pleinement avec talent, le lecteur s’abandonne totalement.
Il semble que nous soyons encore très loin de tout savoir sur le monde que J.K Rowling a commencé à bâtir il y a 20 ans et c’est tant mieux pour nous !
*Les animaux fantastiques, édition augmentée à paraître en juin 2017