Trois petites notes de musique qui font grandir

avie disee75dpiTagadak, tagatak, tagadak, tagatak, elle court elle court la petite Isée dans la troisième aventure de sa vie. Et quelle aventure! Le titre de ce troisième volet de la trilogie d’Isée, L’avie d’Isée , résonne tout en musique. D’ailleurs, aller, je me lance: à bien y réfléchir, tout l’univers de Claude Ponti est  musique; ses textes comme ses illustrations. Syncopes, temps forts, temps faibles, lignes mélodiques, silences, passages ornementés, thèmes développés avec variations, reprises…Et jamais cet aspect ne m’a autant frappée que dans ce dernier album, un livre grandiose, majestueux, du grand Ponti.

Les impressions musicales sont impulsées dès le début de l’histoire, pendant le « sommeil profond » d’Isée, lorsqu’une petite musique sort de son livre préféré. Ah vous dirais-je maman…. « C’est la première fois qu’Isée peut toucher la musique d’une chanson ». Belle image, cher Claude Ponti. C’est si difficile de parler de musique, art ô combien abstrait et qui pourtant nous touche le plus directement sans doute. Non seulement sa petite Isée touche la musique mais la musique l’inspire pour continuer son chemin. La musique la touche.
Et tout naturellement, ce seront les cinq lignes de la portée en suspension qui lui serviront de passage pour aller d’un monde à l’autre. La musique guide Isée dans sa vie, dans ses explorations, elle l’amène à rêver et à devenir curieuse.
Dans une ville-forêt extraordinaire dont les troncs élégants et sinueux sont percés de fenêtres et de portes, elle se méfiera des maisonstres cruelles, elle rencontrera Fourbétriche, et un peu plus loin, dans une maison aux allures de tableau de Vermeer, elle confrontera L’Ékrazatouteur. Ce sera l’occasion idéale pour Isée de montrer qu’elle est tout simplement  la création d’un magicien du dessin. C’est déjà bôôôôcoup pour nous faire rêver.
Plus loin encore, toujours portée par la portée de la musique, elle observera des appartements avec des gens qui ne dorment pas: ce sont les personnages de contes. Mais dorment-ils jamais ceux-là?
En s’éloignant encore de la ville-forêt, elle atteindra une grotte et y remontera le temps. La musique peut décidément mener très loin. Mammouths, sages gorilles, admirables fresques rupestres et tout cela naturellement sans réveiller les poussins qui dorment encore dans Blaise et le Château d’Anne Hiversère, bien cachés au creux de la grotte. Et puis, en avançant encore, Isée s’aventure dans la grande banlieue qui ressemble à ces paysages de Cappadoce et à ses cheminées de feu dans la vallée de l’amour. Chaque promontoire est surmonté d’une architecture différente. Mais pourquoi Claude Ponti n’est-il pas devenu architecte?
Il aurait donné à nos villes une autre beauté, d’autres beautés. On dormirait dans des théières, nos voisins seraient peut-être la Belle au Bois Dormant ou Alice? Il y aurait des secrets dans tous les parcs, des ponts suspendus, des musiques à tous les coins de rues, des maisonstres cruelles mais de très belles cachettes dans les arbres, et puis plein de rêves possibles. Si tout est possible pour Isée, alors pourquoi pas pour nous? C’est tentant comme Isée de « prendre le plus de chemins possibles pour tout voir, tout savoir, aussi loin qu’elle aura envie d’aller ». On passe des airs à la terre, des poissons aux oiseaux, de la pierre au bois, du tout-petit au géant.
Cet album grandiose de Claude Ponti livre des trésors insoupçonnés et ouvre nos sens sur les merveilles du monde. Isée se sent pousser des ailes à la fin de cette aventure dans laquelle elle a certainement grandi. Mais la nuit,  Claude Ponti avait déjà prévenu les enfants dans Ma vallée, « c’est toutes les nuits, les nuits des enfants ». Juste à cause de trois petites notes de musique…Cet espace infini porte les rêves d’Isée. Merci pour la beauté des rêves partagés.

L’avie d’Isée, Claude Ponti, l’école des loisirs, en librairie la semaine du 20 janvier 2014 au Québec!
Cet album fait suite à Mô Namour et La venture d’Isée