1, 2, 3, nous irons à l’école !
Ce moment attendu ou terriblement redouté est l’occasion pour les plus grands de prendre un nouveau départ, d’écrire une nouvelle page de leur vie d’enfant. Pour les plus petits, c’est une plongée dans l’inconnu.
Pour nous tous, enfants et adultes, c’est beaucoup d’émotions, le cœur qui bat très vite dans la cour le premier jour et une drôle de sensation au moment du dernier bisou. Pour dédramatiser la rentrée et même pour en rigoler franchement, certains auteurs n’hésitent pas à faire un peu de provocation.
Je veux pas aller à l’école ou comment prendre un bon départ !
Croyez-vous franchement que l’album de Stéphanie Blake : Je veux pas aller à l’école va nous aider à passer ce cap pas facile ? Eh bien oui ! Pourquoi ? Parce qu’une fois qu’on a dit qu’on ne voulait pas y aller, que non, on était ni grand ni courageux, ça va déjà un peu mieux. Notre Simon préféré n’arrête pas de répéter : « Ça va pas, non ! ». Quand il ne sait pas exactement à quelle sauce il sera mangé, il préfère dire non. Qui pourrait le blâmer ?
Puis, très joliment et adroitement, l’auteure écrit : « À l’école, il se passa mille choses… » Cette petite phrase intrigue et donne très envie d’en savoir plus. La page pleine de cases, comme dans les bandes dessinées, en illustre quelques unes.
Et quand Simon à l’heure du départ, le soir, s’écrie : « Ça va pas, non ! », on jubile !!!
Je vous mets au défi de trouver un enfant que cette couverture jaune éclatant avec un Simon tout penaud ne ferait pas sourire. À accrocher d’urgence sur la porte de la classe si vous êtes enseignant(e). Un vrai rayon de soleil pour débuter l’année !
Si Simon devient l’ami des enfants, tant mieux, car il a beaucoup d’autres aventures, et d’avis aussi, à partager avec vous. La piscine, déménager ou aller chez le dentiste, cela ne le tente pas vraiment non plus.
Je veux pas aller à l’école, Stéphanie Blake, l’école des loisirs, à partir de 3 ans.
Élinor n’aime pas l’école surtout quand ses parents « s’incrustent ».
Voici une seconde histoire, également très drôle, qui met en scène une princesse qui semble avoir le même problème que Simon. Elle doit faire face à des parents trop bien attentionnés. Ils n’hésitent pas à venir en classe pour l’accompagner, lui souffler les bonnes réponses et s’extasier de ses prouesses à chaque instant. Ils sont ridicules dans leurs postures et dans leurs remarques. Tellement encombrants… Quasiment au point de soulager les enfants qui étaient encore tentés de s’ennuyer de leurs parents. L’école, c’est pas une place pour les parents et Élinor s’en aperçoit bien vite … Allez, du balai !
On appréciera aussi les vrais dessins d’enfants représentant des princesses qui tapissent les premières et dernières doubles pages de l’album et qui donneront très envie aux jeunes lecteurs de se saisir d’un feutre pour dessiner Élinor et ses parents.
Élinor n’aime pas l’école, Christine Naumann-Villemin, Kaléidoscope, à partir de 3 ans.
La rentrée des animaux. De la fourmi à l’éléphant, ils sont tous craquants.
Et comment cela se passe quand ce sont les animaux qui vont à l’école ? Dans cette histoire, on découvre étape par étape comment se déroule une journée de rentrée. Le texte en bas de page décrit tous les moments de cette journée particulière : « On accroche ses affaires », « on chante, on bricole, on réfléchit ». Mais tout le talent des auteurs réside dans leur capacité à nous représenter ces activités, vécues par les animaux, avec beaucoup de tendresse et d’humour. Ils commentent d’ailleurs eux-mêmes les situations. Ce procédé permet aux enfants de prendre de la distance par rapport à leur propre vécu.
Et même les moments qui sont un peu moins drôles, quand on ne connaît personne ou que l’on est fatigué, sont aussi racontés.
C’est une vraie première journée décrite avec justesse mais un marabout (l’oiseau 😀 ) qui raconte des histoires ou un crocodile qui pleure des larmes ( de crocodiles 😀 ), comme disent les enfants : « ça se peut pas ». Et oui, c’est ça le pouvoir de l’imagination et de la fiction.
Et si les enfants pensent que dans les histoires, on ne travaille jamais, lisez leur, Je, tu, il m’embête et Nultiplications. Ils verront qu’on peut conjuguer et multiplier aussi dans la bonne humeur.
La rentrée des animaux, Samir Senoussi et Henri Fellner, L’heure des histoires, Gallimard Jeunesse, à partir de 3 ans.
Rébellion chez les crayons. Toutes les couleurs ont droit à la parole !
Cet album, illustré avec beaucoup de talent par Oliver Jeffers, et dont beaucoup d’entre vous sont déjà fans, se joue de tous les codes avec beaucoup de subtilité.
Comme il contient plusieurs niveaux de lectures, on se réjouit de le lire et de le relire. Vous pensez que toutes les couleurs se valent. En lisant les lettres de protestation de tous ces crayons de cire, on voit les couleurs de manière différente. On se surprend même à trouver que des couleurs peuvent être populaires, comme le bleu ou le rouge, ou mal aimées comme le blanc ou noir. Existerait-il un système de valeurs pour les couleurs?
Je ne sais pas si ce sont des questions éthiques ou esthétiques mais ce sont de vraies questions. Cette histoire épistolaire dans laquelle chaque crayon de la boîte de Duncan lui écrit une lettre pour lui raconter ses états d’âme est, tour à tour, drôle ou profonde selon les couleurs qui s’expriment.
Cet album donne envie de dessiner et d’écrire enfin cette lettre à cet ami ou ce parent pour lui dire ce qu’on a sur le cœur. Il suscitera bien des discussions, c’est certain. Il invite aussi à réinventer notre monde en bousculant les codes couleurs établis. Et, des crayons brandissant des pancartes en couverture, cela donne envie d’inventer des slogans et de se rebeller aussi.
En résumé, cette histoire est parfaite pour écrire, dessiner, inventer, rigoler. Les illustrations sont elles-mêmes des vrais dessins d’enfants, encore un habile détournement des conventions de la part de l’illustrateur. On découvre aussi un grand et superbe dessin d’enfant sur la dernière double page. Celui-là est « originalement beau », dixit un jeune lecteur de 7 ans, car les couleurs sont toutes mélangées. Et pourquoi pas ? Un livre pour les enfants et par les enfants avec la complicité d’un génial Jeffers qui nous prouve, s’il en était besoin, que les enfants sont eux aussi de grands artistes.
Rébellion chez les crayons, Drew Daywalt et Oliver Jeffers, Kaléidoscope, à partir de 5 ans.
Allez, tous à l’école et tous aux livres ! Bonne rentrée !
Sur le thème de la rentrée, à lire aussi :
La rentrée de Pénélope, Anne Gutman et Georg Hallensleben, Gallimard Jeunesse, à partir de 3 ans.
L’école de d’Eliott, Françoise de Guibert et Olivier Latyk, Gallimard Jeunesse, à partir de 2 ans.
À ce soir, Jeanne Ashbé, Pastel, pour les tout-petits (entrée à la garderie ou à la pré-maternelle).
Mes 100 premiers jours d’école, série dans la collection Folio Cadet, Gallimard Jeunesse, à partir de 6 ans.
Le crocodile de l’école, Christine Naumann-Villemin, Kaléidoscope, à partir de 3 ans.
Je, tu, il m’embête, Michel Van Zeveren, Pastel, à partir de 3 ans.
Nultiplications, Stéphanie Blake, L’école des loisirs, à partir de 3 ans.
3 histoires pour la rentrée, Collectif, Les petits trésors de l’Heure des histoires, Gallimard Jeunesse, à partir de 3 ans.
Lili Graffiti va à l’école, Paula Danziger et Tony Ross, Folio Cadet Premières lectures, Gallimard Jeunesse, à partir de 6 ans.