Dans les histoires d’Anais Vaugelade, on prend la vie au sérieux, et puis on en rit. Chacun, dans sa petite ou grande expérience va apprendre, comprendre, et grandir. Mais rien n’est jamais acquis. D’ailleurs, il se peut que l’expérience soit douloureuse, voire effrayante, qu’elle implique des choix importants ou des déchirements, mais, la pulsion de la vie est plus forte. On finit l’histoire rassuré, ou presque.
Voilà pourquoi les enfants aiment tant ces albums. Ils y vivent des profondes émotions. Il se demandent si le danger qui rôde va provoquer une catastrophe et cette tension maintient leur intérêt. Textes et illustrations les interpellent et les invitent à vivre l’histoire de l’intérieur. On retient notre respiration quand le loup sort son grand couteau devant les animaux qui l’ont accueilli; notre coeur bat très fort lorsque nous retrouvons ce jeune garçon « brisé », à terre, dans la maison hantée; tout comme on s’inquiète de voir Amir grimpé tout en haut d’une botte de foin, paniqué, incapable d’en redescendre; on chemine avec chat, en solitude, parti en quête d’un secret. Mais la tendresse et l’amitié est toujours au bout du chemin.
Alors, souvent aussi, on affiche un grand sourire dans les livres d’Anaïs vaugelade. Cet Hermès Quichon ne cessera de m’émouvoir. Peut-être parce qu’il est l’un des livres préférés de mon chéri (avec Dans rien de Claude Ponti). Du haut de sa presque soixantaine, c’est beau de le voir philosopher sur l’apprentissage de la vie depuis des années avec Hermès. Un si petit livre qui a tant à raconter à une si grande personne !
Vous flairez l’atmosphère des contes, sans doute, à travers les propos de cet article. C’est vrai, l’univers de cette auteure n’en est jamais loin. L’idée d’un personnage qui se dépasse, les dangers et les risques, les forêts, les émotions fortes, certains aspects fantastiques (espaces, lumières, actions), oui, tout cela appartient à l’univers des contes. Mais si l’on reste très sérieux chez Perrault ou Grimm, la pointe d’humour et d’ironie est toujours présente, distillée subtilement. Cela nécessite des personnages intelligents et audacieux : ce garçon qui entre dans la cage de l’ogresse, ce chevalier qui traverse la forêt pour retrouver sa princesse soeur, cette poule qui fait entrer le loup…L’ironie se mêle au sérieux, la tendresse imprègne les secrets, et les personnages en deviennent plus intéressants.
Avec des registres très variés allant du plus jeune âge aux grands (3e cycle), cette auteure a une façon bien particulière d’évoquer la construction de la vie. Rien n’est jamais parfait, rien n’est jamais simple non plus. Les héros d’Anaïs Vaugelade, le savent bien. Ils sont capables d’en rire, et d’assumer leurs choix.
Rencontrer Anaïs Vaugelade la semaine du 5 octobre au Québec!