Calpurnia, évolution d’une jeune fille curieuse

CalpurniaLire Calpurnia de Jacqueline Kelly (MEDIUM l’école des loisirs), c’est côtoyer la vie d’une jeune fille intrépide, la seule d’une fratrie de 7, et aller avec elle de surprise en surprise, d’émotion en émotion dans sa découverte de la nature.  Mais pas uniquement. Calpurnia plonge le lecteur dans une époque où les femmes ne votaient pas, une époque  à peine libérée de l’esclavage, une époque où le XXe siècle se profilait avec fébrilité pour les jeunes gens du Texas, y compris les jeunes filles destinées à assumer le rôle  de bonne épouse et mère de famille. Savoir broder, cuisiner et pianoter. Seulement voilà, notre héroïne pousse la porte de la bibliothèque de son grand-pa. Il est un peu impressionnant ce grand-père, un peu excentrique aussi, et vit entouré d’animaux empaillés, de bocaux, de cahiers de notes et de rayonnages de livres. Il va  mettre entre les mains de Calpurnia un ouvrage très important: La théorie de l’évolution de Darwin. Que peut en comprendre Calpurnia du haut de ses 12 ans? Est-elle seulement consciente que ce grand-père en lui confiant ce livre l’ouvre à des théories avant gardistes, bousculant les principes que Calpurnia apprend à la messe tous les dimanches en famille? Sans doute, ne mesure-t-elle pas à quel point cela bouleversera sa vie et l’histoire de ce livre, c’est un peu la théorie de l’évolution de Calpurnia. D’ailleurs chaque titre de chapitre, annonciateur d’une nouvelle aventure, découverte ou observation, est doublé d’une citation de Darwin. « La nature…ne se soucie pas des apparences, à moins que celles-ci ne soient de quelque utilité aux êtres vivants. »

Ainsi, dans son passage initiatique à l’adolescence, Calpurnia vivra un passage tout aussi initiatique vers la découverte et la démarche scientifique. Un carnet, un crayon, un filet, un sac et des bocaux, et la voici main dans la main, partie dans la nature avec ce grand-père que certains redoutent mais qu’elle adore et respecte au plus haut point. Elle aura la révélation de son avenir: étudier à l’université. Tout pour éviter l’esclavage ménager! Il lui faudra 400 pages pour affirmer devant toute sa famille: « Je veux voir les choses vivantes avant de mourir: les aurores boréales. Harry Houdini. L’océan Pacifique ou l’océan Atlantique. N’importe quel vieil océan -peu importe. Les chutes du Niagara. Coney Island. Un kangourou. Un ornithorynque. La tour Eiffel. Le grand Canyon. La neige. »

Ambiance familiale, humour et action ajoutent à ce livre les ingrédients pour en faire un roman  assumant (un peu comme Gladys et Vova mais dans un autre genre) sa différence avec un bon nombre de livres pour les ados !