Un joli hasard a voulu qu’à quelques mois près, à l’image de Peter Pan, paraissent deux romans dans lesquels les héros masculins volent. Ils s’adressent à la même tranche d’âge, 9-12 ans, un âge où les enfants sont encore des enfants, mais plus si petits que ça. Ils entrent doucement dans ce que nous appelons maintenant la préadolescence. C’est un moment de la vie où l’on joue encore, certes, mais où l’on grandit beaucoup aussi. Des questions importantes nous assaillent et nécessitent des réponses plus précises. Il y a urgence pour eux à comprendre pour grandir. Le prodigieux destin de Peter de Maelle Fierpied (collection neuf de l’école des loisirs) ou Barnabé ou la vie en l’air de John Boyne (Gallimard jeunesse), devraient séduire vos jeunes lecteurs. Les émotions y sont authentiques et les aventures hors du commun.
À la fois très réalistes dans leurs contextes familial et social, ces deux récits contiennent la fantaisie de l’envol, non sans rappeler Peter Pan. En l’air, le monde est différent. Mais pour accepter cette vision, il faut accepter d’abord la différence. Hors, celle-ci est totalement rejetée par la famille de Barnabé dont les parents s’avèrent être cruels avec lui par conformisme et peur du regard des autres. On comprendra plus tard pourquoi ces adultes font tant souffrir leur propre enfant (le lecteur souffre souvent plus pour Barnabé que Barnabé lui-même). La famille de Peter, bien au contraire, est émerveillée par cette différence. Elle l’accepte, l’encourage, jusqu’à le laisser partir pour mener sa propre vie dans un cirque. Le thème du cirque est d’ailleurs abordé dans les deux livres. Il valorise l’exception dans l’un, il méprise et humilie l’être différent dans l’autre.
Il est tout à fait passionnant de comparer ces deux romans dans lesquels le héros, vit fortement le déchirement d’aimer et/ou d’être aimé, de risquer (s’aventurer) ou de d’obéir en sachant que cela nous nuit. Rien de subversif dans ce qui amène ces deux héros à s’envoler, mais au contraire, l’amour de la liberté et l’affirmation de soi.
Bien sûr, le choix des prénoms n’est pas anodin. Peter rappelle symboliquement un autre héros bien connu et dans l’histoire de Barnabé, un chien s’appelle Charles Dickens…Serai-je le héros de ma propre vie?, lit Barnabé dès qu’il plonge dans David Copperfield. D’Ailleurs John Boyne joue tout au long du roman sur les noms des personnages.
Il y aurait encore beaucoup à dire des voyages, des rencontres, de l’intelligence à comprendre le fonctionnement des adultes, du rapport entre normalité et exception…Une grande richesse dans le ciel de nos héros vous attend.
Barnabé ou la vie en l’air (illustrations d’Oliver Jeffers) : feuilleter l’ouvrage
Le prodigieux destin de Peter : Écouter Maelle Fierpied parler de son roman
Rappel des parutions de Peter Pan de James Matthew Barrie:
– Édition Folio junior, Gallimard jeunesse
– Les classiques de l’École des loisirs.