Bleu, la couleur de la mer et du ciel, celle de l’horizon. La couleur des rêves, et de la vie. Bleu, symbole de sagesse et de sérénité. Bleu, couleur des voyages et des découvertes.
Le bleu teinte les lumières des livres de François Place. Avec ses aquarelles, il embellit les horizons, adoucit les courbes, et même les batailles. Je rêve un peu, peut-être, portée par les illustrations de ses albums qui appellent aux voyages les plus lointains dans le temps et dans l’espace.
Les humains y vivent des histoires d’amour, conduits par la force de la vie. Pour exister, s’affirmer, combattre, explorer, comprendre. Il nous semble les connaître un peu à travers leurs histoires que François Place déploie sous forme de contes ou de légendes et dans lesquels il permet à la magie
d’opérer, telle cette antilope se métamorphosant en princesse devant les yeux d’un prince bégayant.
Dans cet imaginaire foisonnant fait du croisement des cultures que reflètent ses illustrations magnifiques, François Place raconte. C’est un immense conteur. Et sa plume poétique est en symbiose totale avec les paysages qu’il offre au regard du 
lecteur. Entrainé dans l’immensité de l’univers qu’il nous apprend à aimer, on y découvre des plaines infinies, des montagnes qui se jettent à pic dans de vertes vallées, et un ciel qui se marie à la mer. On y reconnait parfois un trait asiatique, une touche moyen-orientale, ou l’esprit de grands peintres hollandais…Un monde que l’on connait mais qu’on ne reconnait jamais tout à fait. Cela donne à chacun de ses livres une dose d’universalité qui leur permettra de traverser le temps.
La nature y est décrite précise et lumineuse, au fil des saisons. L’humain doit toujours la traverser, parfois la dompter. Même dans ses dernières histoires, alors qu’elles s’adressent à un public de jeunes lecteurs, François Place tente d’abolir la précision d’une époque ou d’un lieu. Sa plume est pourtant précise, ses mots plein d’humour que les jeunes capteront. La mer est vectrice d’aventures pittoresques et pétillantes menées par la petite Lou Pilouface sur le remorqueur de son oncle. 
Les deux premiers romans de cette série sortiront en octobre au Québec, et j’imagine qu’à travers les aventures de Lou, François Place y trouvera un nouveau prétexte à nous emmener en voyage de part le monde.
Lui-même voyage pour porter ses histoires aux gens qui l’accueillent. Alors, il sera parmi nous à l’occasion de la rentrée littéraire à Montréal et à Québec. On pourra même lui demander de nous en lire un extrait à voix haute. Sa voix musicale accompagne si bien ses textes et ses illustrations. Je vous invite d’ailleurs à parcourir son site. Vous y découvrirez un extrait du Secret d’Orbae lu par l’auteur lui-même. En l’écoutant, les étoiles s’alignent: le son de sa voix, la beauté de sa plume que l’on sent dictée par ce rythme qui lui est propre, et les illustrations accompagnant incomparablement le texte.
Quel travail depuis tant d’années ! Albums, romans, récits historiques, aventures, contes, François Place est un artisan méticuleux et je me demande si l’on mesure le temps consacré à chaque page illustrée, le soin qu’il met à travailler la puissance d’évocation de chacune de ses phrases, les détails et les couleurs, la lumière et le cadrage de ses images; oui, je me demande si le lecteur en prend vraiment la mesure. Sans doute pas. François Place ressemble à ces grands musiciens. Quand ils jouent, cela a l’air si facile !