En 1977, Anthony Browne publiait A walk in the parc, traduit et édité alors par les éditions Duculot sous le titre Promenade au parc dont voici l’édition nouvellement relookée.
Pour toute une génération, Promenade au parc n’a jamais existé. Et pourtant, cet album est bien à l’origine du célèbre Une histoire à quatre voix paru en 1998. Album célèbre pour sa composition, ses illustrations, ses nombreuses ellipses, ses personnages bien marqués.
Promenade au parc est la version humaine d’Une histoire à quatre voix qui, elle, met en scène des gorilles chers à Anthony Browne et témoigne de l’impressionnante évolution (j’allais dire métamorphose) de l’artiste vingt années plus tard. Concernant Promenade au parc, voici de que raconte Anthony Browne: « Je n’étais pas content des illustrations ». Il ajoute qu’il trouve certains détails en arrière-plan « arbritraires, sans rapport avec l’histoire ou très peu ». Le récit à la troisième personne est linéaire et met en parallèle deux familles de deux milieux sociaux allant au parc. Nous apprenons que le papa de Réglisse se nomme Mr Smith et que la maman de Charles est Mrs Smarthe.
Les actions restent semblables dans les deux albums: arrivée au parc, les chiens qui jouent en premier, puis les enfants qui se découvrent, les adultes assis sur un banc sans communiquer. L’on retrouve aussi dans les illustrations des détails semblables et d’autres qui n’apparaitront plus dans l’édition « gorillesque » d’Une histoire à quatre voix. Une différence de taille, cependant dans Promenade au parc, est l’existence d’un cinquième personnage qui fait une courte apparition mais qui est bien représenté (le jardinier). Celui-ci disparaitra dans Une histoire à voix.
Mais la clef de comparaison entre ces deux albums est bien sûr le passage de la troisième à la première personne. « Je voulais montrer comment un même évènement peut être perçu différemment. L’empathie est une faculté essentielle dans la vie qu’il est important que les enfants apprennent à développer. »
Que de découvertes en effet, de comparaisons à faire! Les émotions sont-elles différentes lorsqu’Anthony Browne met en secène des humains ou des gorilles? Qu’apportent les changements effectués dans les illustrations en1998?
Pour les passionnés, je ne saurai trop recommander la lecture du chapitre 9 de son album autobiographique, Une déclinaison du jeu des formes paru chez Kaléidoscope en 2011.