Répétez ce titre plusieurs fois et les mots deviennent poésie, c’est à dire musique. Les mots, les personnages, la vision, du rire aux larmes, tout est poésie, chez Claude Ponti. Dans ce dernier album format « tronc d’arbre » nous luttons contre un ennemi de taille, l’affreux moche Salétouflaire qui enterre les maisons, engloutit la nature de son horribileuse vile poussière étouffante. En plus, il a arraché les rayons du soleil et il est froid-dur. Les plus embêtés, ce sont Paloum-Pîm et Kobaloum-Pim qui ne peuvent plus sortir de chez eux. Ils ne se connaissent pas et ne savent pas que chacun de leurs côtés, ils fabriquent des Kreuzafons pour percer des tunnels. Les Zieutilles, sortes d’espions équipés de « moyens de survie très longtemps », rapportent des images terribles de cette catastrophe à Paloum-Pîm et à Kobaloum-Pi. C’est là que chacun se pose des questions sur l’autre qui existe aussi. Ainsi donc, ils décident de découvrir qui est l’autre. Les tunnels s’élargissent et cela énervirite beaucoup Salétouflaire. Bien sûr, il va un peu grognéraléguette, mais il sera impuissant pour empêcher cette rencontre.
À ce moment du récit débute un passage très émouvant dans la grotte des vieux bébés. Ensemble, Paloum-Pîm et Kobaloum-Pim, vont faire renaître ce monde, redonner au soleil ses rayons et guérir la fin de l’histoire. Quelle incroyable vision que ces deux cités tête-bèche en haut des montagnes, reliées à la cîme des toits par une gigantesque toile d’araignée servant de passage aux deux amis. Mais où va-t-il chercher tout cela, Claude Ponti ?
On retrouve dans cet album des éléments chers à l’auteur: la force de se frayer un passage même dans la peur, même dans l’incertitude, l’aspect astucieux et bricoleur des héros qui se débrouillent avec ce qu’ils ont pour avancer (des passages imaginaires), la poésie d’une renaissance qui offre soudain au lecteur des couleurs douces et chaudes, des images impressionnantes par leur pouvoir d’évocation, des maisons incroyables, espaces sans cesse en mouvement et une fin heureuse dans la gloriette à tranquille papote avec leurs douze petits qui jouent aux jeux des enfants Ouloums-Pims.
On en sort ébaubis comme après deux heures de cinéma merveilleux d’une grande aventure qui finit bien. Merci Claude Ponti. Ce livre peut prendre tous les symboles que l’on veut bien lui donner pour proposer aux enfants des solutions quand la vie devient étouffante et difficile.
