J’adore le Prix Sorcières. Il nous rappelle que la vie d’un livre se prolonge bien au-delà de sa sortie en librairies, quand les lecteurs se saisissent de son histoire et la transmettent à leur tour.
Entrer dans un livre, c’est accepter d’entrer dans un monde étranger (parfois étrange) et l’on sent en général dans les vingt premières pages si nous y aurons du plaisir ou pas. J’ai ouvert Le ciel nous appartient de Kathrine Rudell et j’ai lu. Comment résister à : Au matin de son premier anniversaire un bébé fut découvert dans un étui à violoncelle, flottant au beau milieu de la Manche. Il faut avouer que je sortais avec bonheur du dernier livre de Michael Morpurgo dont je vous parlerai plus tard (il ne sort qu’en mars), mais avec lequel mon coeur fit un lien naturel puisque l’héroine de Morpurgo a survécu, flottant sur un piano à queue au beau milieu de l’océan.
La petite Sophie, elle, est enrobée dans la partition d’une symphonie de Beethoven. Celle de Morpurgo n’a qu’une couverture et un doudou.
Il y a deux façons de raconter l’histoire de Kathrine Bundell. L’une, réaliste, est celle de Sophie, enfant naufragée que Charles Maxim adopte et qui n’aura de cesse de retrouver sa mère qu’elle croit toujours en vie. La rencontre entre ces deux personnages, rien que cela, offre déjà au lecteur de multitudes raisons de se réjouir. L’amour, le bonheur, la liberté sont leurs mots d’ordre.
L’autre façon de raconter serait plutôt d’évoquer la manière dont Sophie surmonte cette épreuve de la vie grâce à Charles un érudit solitaire, grand, mince et anglais jusqu’au bout des ongles (quel flegme!). C’est aussi un homme indépendant et libre. Et cette liberté il l’inculque à Sophie. Ses principes éducatifs ne sont pas tout à fait au goût de Ms Elliot venant régulièrement vérifier que l’enfant ne manque de rien pour éventuellement la récupérer et la placer dans une famille plus « décente ».
Pourtant, non, elle ne manque de rien car l’amour de Charles est immense et son ambition à la rendre heureuse plus immense encore. C’est pourquoi lorsque l’homme et la jeune fille comprennent que c’est en France qu’ils auront une chance de retrouver la maman de Sophie, aucune hésitation, ils partent.
Dans la deuxième partie du récit, à Paris, leur vie se déroule dans les méandres administratifs où Charles se débat, mais l’auteure choisit plutôt de nous entraîner du côté de Sophie. Sophie dans cet esprit libertaire, joue du violoncelle sur le toit. Enfermée la plupart du temps dans sa chambre (ce serait trop dangereux pour elle de se montrer car elle est recherchée), sa nouvelle vie de déploiera dans les hauteurs. Elle y rencontrera Matteo, un danseur du ciel, jeune garçon tout droit sorti d’un conte d’Italo Calvino ! Avec Matteo, Sophie passe des nuits trépidantes, elle apprend à avoir du courage, à devenir agile, à socialiser et à comprendre comment fonctionnent l’humanité puisque jusqu’ici elle avait vécu en vase clos avec Charles.
C’est beau, très beau, cette vie sur les toits de Paris, cette enfant qui sait dans son coeur que sa mère est là, quelque part. Sophie imagina sa mère, quelque part, non loin de là, au milieu des étoiles. La place des mères était parmi elles.
À lire ABSOLUMENT !…aux éditions Les Grandes Personnes.
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