Le petit pêcheur et le squelette, la vie, la mort.

petit pecheurblogueLe dernier album de Chen remonte à la fresque impressionnante et autobiographique de Mao et moi, un album témoignage de sa vie d’enfant dans une Chine forcée à se transformer, à se modifier. Chen Jiang Hong nous avait surpris avec cet imposant album (niveau 3e cycle voir début du secondaire) alors qu’il installait d’habitude ses récits dans une Chine ancienne, celle des lettrés, de la médecine et des arts martiaux.
Le petit squelette et le pêcheur rappelle au premier abord le somptueux Prince tigre par le fond noir de la page couverture et cette  figure vivante semblant lutter contre les éléments. Mais aussi par le dénouement de l’histoire, aboutissement de l’échange que la vie et mort se font sans cesse.
Chen aime les contrastes et la première double page de l’album nous en offre une de taille. Une ville moderne se dresse au premier plan avec ses hauts buildings, puis au-delà,  au bord des rochers, l’humble demeure du petit pêcheur, Tong.
Ce jour-là, il s’aventure à pêcher malgré le temps, malgré cette phrase de son père qui lui revient en mémoire et l’avertit contre ces « nuages de suie ». Prenant force et courge, il part et risque même la mort. Il la rencontre sous l’apparence d’un squelette qui ( il ne le sait pas encore tant il est effrayé par cette apparition) le sauvera. Et le squelette prendra soin de lui. En vivant aux côtés du pêcheur, il sera confronté à la vie et surtout à l’immense tristesse qu’il porte sur son visage de mort.
L’enfant et le squelette s’apprivoiseront. La solitude les enfermerait dans trop de douleur et de tristesse. Les couleurs s’adoucissent au fur et à mesure que le récit s’apaise jusqu’à la surprenante métamorphose du squelette qui revient à la vie.
Quel album audacieux nous livre ici Chen Jiang Hong ! Son travail (toujours à l’encre de Chine) dans les illustrations sans cesse renouvelées par leurs cadrages, leurs tailles, leurs éléments, l' »humanité  » du squelette, sera certainement ce qui impressionnera le plus les enfants au premier abord. Mais je suis certaine que ce récit où dialoguent la vie et la mort  saura aussi les fasciner car à tous les âges, l’humain s’interroge sur ce mystère.

Le petit pêcheur et le squelette, Chen Jiang Hong, l’école des loisirs