Les albums sans texte se font relativement rares et l’arrivée d’une nouveauté suscite toujours une grande curiosité. Dans Une journée à Pékin nous suivons une petite fille vêtue de rouge elle-même à la poursuite de son chat. Une sorte de cache-cache dans les dédales des rues de la capitale chinoise. Un album très « à propos », quand on revient de l’ouest du pays puisqu’une personne sur cinq est chinoise à Vancouver ! L’Asie n’est jamais loin de nous. Il suffit de faire un tour dans le quartier chinois de n’importe quelle grande ville.
Une journée à Pékin de Sun Hsin-Yu (l’école des loisirs) m’a aussitôt fait penser aux magnifiques et célèbres albums de Mitsumasa Anno. On y découvre des bâtiments anciens ou nouveaux, des rues bondées, des touristes, des effigies d’hommes célèbres (Mao), des boutiques reflétant l’artisanat et les traditions chinoises, une ville labyrinthe dessinée au crayon de façon très vivante et d’une très léger mais très fouillé. Seules quelques touches de couleurs permettent au lecteur de suivre pas à pas les personnages.
Hsin Yu Sun a l’art des cadrages. Intelligemment, elle nous amène à circuler dans cette ville que nous ne connaissons pas et pourtant nous ne sommes jamais perdus. D’une page à l’autre elle sème des points de repères pour nous diriger alors que tout est écrit en chinois. Naviguant entre Chine ancienne et Chine contemporaine, la découverte d’une carte postale au marché aux puces nous transporte définitivement dans le rêve. L’Empereur, un jeune empereur (Le derniere empereur de Chine?), sort de l’image pour amener l’enfant dans la Cité Interdite et jouer à son tour. Alors que la petite fille courait après son chat, voilà que ce dernier court à son tour après le cerf-volant de L’Empereur.
Et chaque page nous questionne : pourquoi des cages d’oiseaux sur les tables de café ? Que font cuire les gens dans la rue? Est-ce que tout le monde porte ainsi de longues tresses ? Que veulent dire les inscriptions sur les bâtiments?
Dernier détail et non des moindres à propos de cet ouvrage: l’auteur complète notre voyage par photos et documents mais aussi des indications pour mieux entrer dans ses dessins. Ainsi elle souligne par des indications comment apprendre à LIRE L’IMAGE, elle donne des détails intéressants de repères dans le temps et l’espace pour enfin finalement nous proposer quelques photos qui donnent corps aux dessins.
Qui a dit que les albums sans texte étaient pour les petits? Il me semble qu’une certaine maturité est nécessaire pour porter un regard sur le monde et apprécier le chemin à prendre dans les traits du dessin où notre se laisse aller notre imaginaire.
Profitant de cet article, j’aimerais signaler à tous les amoureux des livres sans texte que vous pouvez en trouver une liste conséquente dans le signet IMMERSION/FLS, tout juste mise à jour. Bonnes lectures d’images !