Blaise et le kontrôleur de kastatroffe

Blaise et Kontroleur300dpiQuel bonheur de retrouver Blaise et tous les poussins dans cette grande épopée pas impossible, une grande réjouissance pour les yeux et les oreilles. Claude Ponti nous entraine dans une aventure où l’on jongle et se défoule avec notre langue. Surtout ne corrigez pas les mots en lisant  comme l’a fait un adulte à qui je présentais cet album (quelle platitude si vous lisiez le titre « Le contrôleur de catastrophes! »), mais laissez-vous portez par les syllabes, articulez les mots, n’ayez pas peur et vous trouverez l’exercice musical étonnant. Bref laissez les lettres en ordre pontiesque. Notre bonne vieille langue française construite et reconstruite, modelée, réinventée et resonorisée deviendra musique nouvelle à nos oreilles. Elle réjouira surtout les enfants à qui vous lirez l’album (tâchez de vous appliquer pour donner du sens aux noms propres bien choisis), et les enfants qui commencent à lire tout seuls.
Mais de quoi parle cette histoire? Page titre, Ponti sème quelques indices:
aux pattes de ce personnage terrible que l’on devine être le Kontrôleur de Kastatroffe sont collés des étampes, des symboles monétaires, du papier. Sa bouche prison abrite des malheureux. Cet album nous parlerait-il du grand monde de l’administration et ce ceux qui appliquent les règles? N’allons pas trop vite…Repartons du doux dodo des poussins dans leur chambre préférée. Une nuit semblable à toutes les autres lorsqu’éclate cet « orage en tonnerre de foudre plein d’éclairs mauvais ». C’est comme une image de guerre. Aussitôt, arrive le Kontrôleur de Kastatroffe qui exige « le permis de kastatroffe » aux poussins et leur demande de payer LA MENDE, sinon c’est la prison. Ponti installe immédiatement le sentiment d’incompréhension et d’injustice dans l’absurde. La terreur semée pousse les poussins à fuir. On fuit avec eux. Ainsi nous voyageons au Pays des Arbres pensant y trouver La Mende (c’est peut-être un fruit?). Nous rencontrons toutes sortes de personnes qui nous aident ou nous repoussent. Même une cousine de Pétronille. Nous errons sous la terre, dans l’eau chez les Akoua-Joulo puis dans l’Arbre-Livre.
À travers ces aventures, les poussins de Claude Ponti racontent l’essentiel de l’enfance : la capacité à rebondir, à oublier le méchant, à jouer dès que possible comme un remède à tout. Avec les mots, avec ce qui se présente. Jouer = exister. Blaise, lui, aimerait bien qu’ils aient tout de même un peu plus peur, histoire de se ramener à la réalité. Ce qui sauvera les poussins c’est tout ce qu’il vont apprendre au passage: la liberté apprise dans les livres (ils sont tous Charlie!), la rencontre avec cet être extraordinaire (le Tiretrait-Chevelu) qui dessine le fil de leur destin pour qu’ils avancent, l’insolence qui fait qu’ils n’hésitent pas à tous faire pipi dans un entonnoir pour combattre définitivement ce Kontrôleur qui ne sait même pas lui-même ce qu’est La Mende. Il était bien bête et bien méchant. Il éclate en mille morceaux et ainsi les poussins peuvent se reconstruire une maison délirante, une « maison-arbre-village ». Tout est bien qui finit bien. À l’heure du dodo, chacun retrouve sa place, sauf six.
Peluches géantes et mini-souris, dessous dessus, en l’air dans l’eau, vous aussi pourrez chercher le Brèfle à quatre feuilles pour ne pas avoir de gigotrouillure dans vos réunions d’adultes.
Quel album encore que ce nouveau Ponti arrivé à point, comme un pied de nez à tous les Kontrôleurs imbéciles de Kastatroffes. C’est parce qu’ils non jamais été poussins, sans doute…

Blaise et le Kontrôleur de Kastatroffe, Claude Ponti, l’école des loisirs

 

1 thought on “Blaise et le kontrôleur de kastatroffe

Les commentaires sont fermés.