Le monde à l’envers.
Mario Ramos tenait tant à ce livre. Et aujourd’hui, le monde est à l’envers car Mario n’est plus là.
Mario était un ami. Pas seulement pour moi, mais pour tous ceux qu’il a rencontrés. Il prenait les choses et les êtres au sérieux. Surtout les enfants.
Il a été et reste à travers ses albums l’un des créateurs de la littérature jeunesse capables de bousculer l’adulte à travers les livres pour enfants. Chacun y trouve son compte, dans le texte et dans l’illustration, les deux narrations étant intimement liées. L’une plus sérieuse (le texte), l’autre pleine d’humour (l’illustration).
Le souci de justice, la critique des pouvoirs grotesques, la haine des apparences , tous ces grands sujets qui animent notre société, Mario savait en parler aux enfants car il les a toujours considérés comme des êtres intelligents. À ses côtés, on se sentait vrai. On ne pouvait pas mentir et se raconter d’histoires.
Lorsqu’il est venu au Québec la dernière fois en octobre 2010, c’est un Mario Ramos comme toujours très engagé, qui s’est adressé à quelque 300 adultes. On se souvient de son bonheur à évoquer l’histoire du chaperon rouge qu’il voulait encore et encore explorer. Il en révélait ses interprétations personnelles en riant. « Mais quelle idée d’envoyer une enfant habillée de rouge dans la campagne! »
Mario fut aussi l’un des premiers auteurs pour la jeunesse à créer un site en lien avec sa création. Rien de narcissique. Plutôt le souci de se faire comprendre, de donner des clefs aux lecteurs. De cette façon, des milliers d’enseignants se sont sentis proches de lui et habiles à expliquer ses livres. En livrant ses petits secrets et ses croquis, mais aussi ses dessins d’humour et ses réflexions, ses lecteurs comprennent parfaitement la cohérence de son monde. Il avait un lien fort avec ce milieu qui le lui rendait bien. Combien d’animations a-t-il faites dans les classes ? Combien de dessins et de dédicaces?
Nous avions exposé des dessins de loups à l’occasion d’un concours lancé dans les écoles primaires du Québec. Merci à tous les enseignants qui ont fait travaillé les enfants. Ce fameux loup permet de rire de nous mêmes! Merci Mario.
Cher Mario, tu avais été touché par ces oeuvres fortes, reflétant la personnalité des enfants, et surtout des oeuvres qui ne cherchaient pas à te copier mais s’inspirait de tes idées. Tu me disais » ils ont pigé l’idée » d’un sourire tendre. Je me souviens que tu as embarqué quelques uns de ces dessins dans ta valise pour les garder avec toi…
Aujourd’hui Claude Ponti et le site du MUZ te rendent hommage grâce à ces oeuvres d’enfants que nous voulions faire connaître à tous. http://lemuz.org