Michaël Morpurgo nous a toujours livré des récits valorisant la transmission. Dans ses albums, il aime clairement situer ses histoires dans un temps passé, une façon peut-être de « rêver » ce temps oublié qui continue à nous fasciner…?
Dans ses romans, bien qu’il lui arrive de plonger dans des histoires mythiques (Prince Arthur, Roi de la forêt des brumes), il situe souvent son récit à intérieur de la grande Histoire, permettant une remontée dans un temps plus ou moins éloigné, rêvé ou réaliste. Quoi qu’il en soit, Michaël Morpurgo est un grand conteur, un conteur qui se ne fatigue jamais à raconter l’humanité sous ses facettes les plus belles comme les plus vils. Notre part de noirceur et notre part de lumière sont toujours en balance. Et les jeunes qui lisent ces histoires sont en quelque sorte obligés de s’engager aux côtés du héros à sauver ou à comprendre. C’est, je crois, ce qui est stimulant dans la lecture de ses livres. L’IMPLICATION qui pousse le lecteur, l’impulsion donnée par une histoire qui se met en route et ne pourra s’arrêter tant que le bonheur ne s’installera pas un peu. Certes nous sommes révoltés contre l’âme humaine, contre l’injustice souvent présente, la cruauté et les déchirements. Mais les émotions qui animent les personnages sont nobles et finissent par l’emporter.
L’Histoire d’Aman, vous en trouverez de semblables dans des journaux ou des magazines récents. Elle ressemble à tant d’autres, la vie de cet enfant d’Afghanistan forcé à fuir son pays avec sa mère, accompagné d’une chienne errante pour rejoindre l’Angleterre où vit un oncle. Six ans de vie enfin tranquille après ces mois destructeurs, ces mois de terreur. Puis, tout s’arrrête. La vie, le temps. Voilà que, faute de papier, il seront renvoyés dans leur pays d’origine.
Mais alors pourquoi est-ce qu’un auteur ferait un livre d’un presque fait divers? Tout simplement parce qu’il l’écrit du bout de ses émotions pour nous parler plus intimement je crois. Morpurgo le fait très bien et l’on a l’intime conviction en refermant ce livre, que vous et moi serions capables de grandes choses.