Ogre vole, enfants volent.

ogre voleC’est Édith que Rascal a choisi comme illustratrice cette fois-ci pour son dernier album. Ils ont déjà collaboré dans le passé sur plusieurs albums dont Plume de vache. Quand au thème de l’ogre, Rascal l’a déjà abordé avec Pascal Lemaître dans L’Ogre noir. Rascal, vous le savez, aime varier les plaisirs en mariant ses textes avec des illustrateurs  pour lesquels ils partage toujours des histoires de coeur.
Dans Ogre vole, il aborde  le personnage de l’ogre dans une histoire atypique, poétique aussi, qui pourrait bien rassurer les petits…sorte de revanche pacifique sur les ogres, qui arrive par un don du ciel.

L’ogre dessiné par Édith a les bottes rouges de sept lieues. Elle le cadre de façon à nous faire mieux sentir son imposante stature mais aussi sa maladresse. Il semble un peu perdu au milieu de la neige abondante et blanche comme l’innocence, qui vient de tomber et l’a obligé à sortir de sa maison par une fenêtre. Décidément, ce n’est pas une jour comme les autres. Les deux ailes qu’il « rencontre »  changeront le cours de son destin. Cela lui fait peur tout d’abord mais lui qui « n’avait dû réfléchir pour commander à sa main de s’emparer de son large couteau », se retrouve affubler de ces deux ailes qui désormais commanderont ses gestes. Elles l’emmèneront haut dans le ciel. Là, il retrouvera les enfants dévorés qu’il reconnait. Pour la deuxième fois, il a peur, mais impossible de s’enfuir car ses ailes ses détacheront de lui pour aller se multiplier et s’accrocher aux  enfants qui pourront alors s’envoler. Laissé seul sur son nuage, seul avec sa colère sans doute (et avec ses regrets?), Ogre restera pourtant cependant ancré dans la mémoire collective…
Fable ? Récit initiatique ? Rascal propose une histoire résistante à l’interprétation et soulève de grandes questions: la solitude, la vie, la mort, l’innocence, la peur, la rédemption, le regret. L’ogre semble n’avoir vécu qu’en obéissant à son instinct. La vie (ou appelons le destin? ou dieu? symbolisé par les ailes) se charge de l’envoyer au ciel.  Mourir dans la blancheur de la neige pour libérer ces enfants qu’il a monstrueusement tués…. La vie et la mort sont toujours reliées. L’idée n’est-elle pas poétique ? Les enfants, eux, seront-ils libérés à jamais de la crainte? Le souvenir de l’hideux personnage s’évanouira-t-il un jour pour les laisser en paix? Et cet ogre pourra-t-il un jour reprendre son envol?…En tortionnaire ou en repenti?

Vous pourrez poser  toutes vos questions à Rascal bientôt puisqu’il sera au Congrès de Mots et de Craie du 14 au 16 mai et à Montréal le samedi 17 (avec Jean-Claude Mourlevat), et disponible pour un entretien sur demande à ldepeslouan@gallimard.qc.ca