Lu en plein été, dans la chaleur d’un parc de Montréal, Une saison avec Jane-Esther était devenu MA saison avec Jane-Esther. Soudain je me retrouvais au milieu du tumulte de mes émotions adolescentes.
Oui, j’éprouve une certaine volupté à me souvenir d’Eden, jeune fille ardente et romantique, et des femmes qui l’entourent, bienveillantes et aimantes, jouant tour à tour le rôle de mère et de père. Elles ne la protègeront pourtant pas de sa découverte de l’Amour et des cinglants revers de son caractère qui la confronte à ses impulsions. »J’avais soif de quelque chose et cette soif mystérieuse me torturait de l’aube au crépuscule. »
Nous sommes dans un sud imaginaire. Les images que nous envoie l’auteure ont un peu ce flou hamiltonien, mais la force des grands tableaux romantiques. Au loin, le fleuve, tel un personnage qui porte les destins de chacun. Tout près, ces poules qui inspireront à Eden en mal d’inspiration, ce poème de la Poule aux coudes pointus. Au coeur de cette saison, l’écriture la poésie, l’amour, la découverte de soi.
Passer Une saison avec Jane-Esther c’est entrer en littérature, dans ce sens où l’écriture porte véritablement le récit. Pas seulement parce que la poésie est au coeur de l’histoire d’Eden, mais parce que lire Shaïme Cassim est un ravissement. Elle est ce genre d’auteure dont on prend plaisir à relire à voix haute certains passages tant ils résonnent parfaitement avec le coeur du personnage (quinze ans…). « J’ai songé que j’aimais mieux les orties sauvages , le culte des belles fleurs me déplaisait. Plutôt l’ortie que l’orchidée, ai-je dit à haute voix.
J’ai alors commencé à griffonner :
Plutôt l’ortie que l’orchidée,
le sommeil sans repos que le rêve tranquille,
plutôt la nuit ou l’aube que le plein jour ».
La connivence féminine est un refuge pour Eden. Chaque femme dans ce qu’elle a vécu saura apporter à cette adolescente parfois agaçante dans son intransigeance, l’une le réconfort, l’autre l’écoute nécessaire ou la patience. Et au coeur de ces femmes, une poète qui impressionne vraiment Eden, Jane-Esther. Un homme aussi qui va l’impressionner, c’est Adam. Et ça, elle ne l’a pas prévu. Il la submerge. La poésie et l’amour projetteront la jeune fille dans sa vie de femme.
Évoquer ce roman alors que l’hiver fait une entrée remarquée est un véritable bonheur. Personne ne me volerait cette éternité présente.
Une saison avec Jane-Esther, Shaïme Cassim, Medium, l’école des loisirs