Sur un texte original (et drôle) de Drew Daywatt, accompagné du trait jubilatoire et révolté d’Oliver Jeffers, on découvre ici un album franchement amusant. Et je prédis que Rébellion chez les crayons aura une longue vie parce qu’il traite de l’outil indispensable aux enfants dans leur découverte et leur appropriation du monde. L’essence même de la vie faite de traits et de couleurs.
Mais reprenons du début.
Tout démarre à l’école où Duncan, élève imaginaire, trouve à la place de sa boîte de crayons de cire, un paquet de lettres à son nom. Autant de lettres que de couleurs qui s’adressent à lui pour dire leur frustration, leur ennui, leur fatigue. Personnifier des crayons de couleurs, quelle merveilleuse idée ! Car chacun, pour évoquer son utilité mais aussi dénoncer les stéréotypes dans lesquels on les enferme, se révolte et menace de ne plus fonctionner si Duncan les malmène de la sorte. Il y en a qui se plaignent d’être trop utilisés et d’autres pas assez. Le rouge, toujours relié aux camions de pompiers ou au costume du Père Noël, est sans doute le plus sollicité de la boîte. Il est extrêmement fatigué. Et le gris s’ennuie et s’épuise de remplir l’immense corps des éléphants que Ducan dessine. Le rose est un peu frustré de n’être utilisé que par la soeur de Duncan qui colorie des princesses…
Ces lettres touchent Ducan, mais comment changer les choses?
On aime tant représenter le monde tel qu’on le voit à l’âge de Duncan. Il va pourtant se dépasser en trouvant une solution qui rendra tout le monde heureux et satisfait. Et s’il changeait les couleurs du monde…
La force de ce livre? Les lettres de chaque couleur au ton insolent, drôle ou malicieux. Un atout formidable pour susciter l’écriture. Si vous êtes en classe, avant de lire cet album, pourquoi ne pas faire imaginer d’emblée ces lettres aux enfants aux-mêmes ? On pourrait bien y voir d’autres envies et de nouvelles rébellions.
Un hymne à la liberté de l’imaginaire: Rébellion chez les crayons, Drew-Jeffers- Ed. Kaléidoscope.
