SUJET : Tragédie

Sujet : Tragédie« Quand l’amour est une question de vie ou de mort », peut-on lire sur la page couverture du livre… Mais le roman SUJET: TRAGÉDIE d’Élizabeth Laban est bien plus que cela. Vous me direz, la vie la mort, c’est déjà beaucoup. Et la plupart des romans parlent de la vie et de la mort, de l’amour aussi, les trois sujets essentiels de l’être humain.
Nous sommes dans un pensionnat, lieu fermé où l’étudiant doit, dans son isolement, se fabriquer une vie avec les autres que la promiscuité l’oblige à accepter. La chambre est son refuge.
Un pensionnat, c’est aussi une vie ponctuée de rituels. Ceux imposés par la direction ou les rituels devenus traditions des étudiants. Ici, l’élève terminant  doit laisser un cadeau dans sa chambre au nouvel arrivant. Le cadeau que découvrira Duncan dans le placard de sa petite chambre sera l’histoire tourmentée de Tim, un garçon différent, albinos, enregistrée sur des CD que Duncan écoutera, fasciné.
À l’adolescence, être différent peut être synonyme de cauchemar, d’angoisse perpétuelle, mais c’est aussi une voie de maturation.Tim était un élève vulnérable mais brillant, avisé et sensible. Il laisse un témoignage initiatique qui s’avèrera initiatique pour Duncan à travers la tragédie qu’il aura vécue.
Parallèlement à la vie de ces jeunes qui se font échos, monsieur Simon, leur professeur de français les guide à travers les ressorts et effets de la tragédie en tant que genre littéraire. Il est l’un des rares adultes à intervenir autour d’eux et a donc une place importante dans l’histoire.
Mêlant les histoires d’amour à d’autres thèmes tels que l’acceptation des différences, la confiance en soi, l’intimidation, les défis et rapports de force, ce  premier roman (et notons le caractère exceptionnellement mûr du récit pour un 1er roman) fait part d’une grande maîtrise dans le traitement des personnages et l’imbrication des vies de Tim et Duncan. La fin laisse quelques interrogations qui sont les bienvenues et contribue à laisser les personnages vivre dans nos coeurs.
« J’aime lire […] Et j’aime courir. Je ne lui ai pas avoué que courir figurait parmi les moyens que je préférais pour m’échapper et être seul. En revanche je lui ai dis que cela me rendait heureux. »

Gallimard-Jeunesse (ISBN9782070656561)-13/16 ans