Tant que nous sommes vivants, la vie, la vie

tant que nous sommes vivants_0001La vie bouillonne à travers les romans de la rentrée chez Gallimard Jeunesse. Les titres en disent long : Tant que nous sommes vivants, La vie au bout des doigts (d’Orianne Charpentier), La vie par 7 (Holly Godberg Sloan) ! Joli hasard des publications pour un automne qui fait aimer la vie, sans pour autant en soustraire sa complexité. La vie, dans ces romans, métamorphose les êtres qui s’y meuvent. Elle les malmène autant qu’elle leur apporte du bonheur. C’est le  destin qui relie Hama et Bo.
L’histoire qu’Anne-Laure Bondoux nous raconte est d’abord et avant tout une  grande histoire d’amour. Pourtant, que de souffrances, que de sacrifices pour rester authentique, que de tolérance aussi pour aimer l’autre et d’efforts pour rester vivant. Même si l’amour est plus fort, il porte en lui sa fragilité. Aimer est un risque et Bo le sait : »à présent il se rendait compte qu’aimer Hama était le plus délicat et le plus risqué des numéros de voltige ».
Au-delà de Bo et Hama, il y a Tsell, leur enfant. Le lecteur met du temps à comprendre que c’est bien sa voix  qui berce le lecteur et de son récit le destin de  ses parents, puis de sa propre vie. Et quel destin ! Au tout début, Bo et Hama ont trop d’amour. Dans cette ville sans espoir où les ouvrières et les ouvriers automates vivent comme des rats, leur amour dérange. Ils devront fuir, trainant avec eux un quiproquo qui rongera leur bonheur. Il y aura ce voyage qui les mènera au coeur des bois, dans l’univers des petits lutins aux noms étranges de 1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12. Cette partie du récit nous entraine dans un univers fantastique étonnant. Comme Bo et Hama, on s’y sent bien, comme dans un cocon. Les personnages sont plus qu’attachants, et si importants pour le « retour à la vie » d’ Hama, si importants pour le sens de la vie qu’il faut redonner à Bo. Et puis, il faudra à nouveau partir, pour une vie plus normale, à l’air, dans une ville sans guerre, un îlot de paix. On y  croit avec eux, on imagine le possible bonheur du couple avec la petite Tsell qui grandit. Mais le destin échappe à tous. On ne peut pas le contrôler. On ne peut pas empêcher de nourrir l’enfant qui interrogera, qui secouera son monde et vivra à son tour le coup de foudre avec Vigg. Tsell fera le chemin inverse pour accomplir, pour comprendre. Elle bouclera la boucle  et pourtant, nous restons avec cette question: « Faut-il perdre une part de soi pour que la vie continue? »
À peine achevée cette lecture, l’envie d’y replonger m’a submergée. Lisez-le, vous verrez…Certains personnages nous invitent à mieux découvrir leur monde. C’est le cas de l’émouvante Titine-Grosses-Pattes dans son cabaret,  c’est le cas de tous ces travailleurs, ces forgerons qui manient le feu. Ils contribuent aux instants magiques du roman dédié aux ouvrières et aux ouvriers.
Dès le début, Anne-Laure Bondoux nous invite à être témoin du destin de Bo et Hama. Merci, merci pour cette invitation.

Sur la vie aussi…deux autres incontournables de l’automne 2014 chez Gallimard Jeunesse

vie au bout des doigtsvie par 7