Déjà…Il y a ce titre. Trois mille façons de dire je t’aime. Quelle magnifique entrée en matière! Et derrière ce titre, trois acteurs sur la scène de leurs vies : Chloé, Bastien et Neville. Derrière eux, la talentueuse Marie-Aude Murail qui nous entraine dans la vie de ces ados coincés entre une réalité parfois difficile à affronter (préparation de concours importants pour la sage Chloé, mère monoparentale sans le sou pour Neville, famille ordinaire pour Bastien) et le fantasme du théâtre. Ce magistral roman permet à Marie-Aude Murail de rejoindre tout ce qu’elle aime, au fond : la théâtralité (rappelons son amour pour Dickens qui lisait ses romans dans les parcs de Londres), son engagement vis à vis de personnages qu’elle installe devant une situation difficile et qu’elle emmène jusqu’au bout et le plus loin possible, son regard sur les adultes qui entourent les ados et qui peuvent (ou pas) faire la différence, la confiance en soi et à trois pour affronter les obstacles (il y avait trois enfants dans Oh boy!). Ils sont collés serrés ces jeunes, tellement que le roman est écrit au NOUS. Incroyable réussite que ce nous qui invertit totalement le lecteur. Et puis, il y a ce prof à l’intuition géniale qui est à leurs côtés, de leur côté.
Chloé, Neville et Bastien. On les aime dès les premières pages. Le théâtre, ils l’absorbent, l’embrassent, s’approprient les mots de Molière ou Marivaux, et se métamorphosent. Comme dans les contes…Mais aussi comme dans la réalité, réalité qui nous rattrape de plein fouet à la fin du livre car Marie-Aude Murail sait terminer ses histoires. Et à la fin, même si la vie réelle a gagné sur le rêve, le rêve aura nourri l’imaginaire, le corps aussi car le théâtre demande ce lâcher prise, et surtout l’amour.
Trois mille façons de dire je t’aime, Marie-Aude Murail, MEDIUM, l’école des loisirs. À n’en pas douter, l’un des grands romans de l’automne 2013!