Sally Gardner est anglaise. Souffrant de troubles d’apprentissages importants jusqu’à ce qu’on diagnostique une dyslexie sévère, elle n’apprit à lire qu’à l’âge de quatorze ans et écrit aujourd’hui sur un clavier adapté à son handicap. Sally Gardner ressemblait beaucoup à son héros, Standish. Elle dédie son roman « À vous les rêveurs ignorés en classe qui ne remportez jamais de prix, vous, à qui demain appartiendra« .
Dans ce court récit qui se déguste chapitre par chapitre (et parfois il ne comporte que quelques lignes), nous sommes totalement dans le corps et la pensée de Standish, ce jeune garçon de la zone 7, bousculé, humilié et brutalisé par les gros durs parce qu’il a des difficultés d’apprentissage.
Être dans la pensée de Standish (le récit est à la 1ère personne) implique d’appréhender le monde et le capter par ses (nos) sensations et par ses (nos) émotions avec parfois des délires qui perturbent le lecteur. Et c’est ce qui rend ce roman si différent : cette zone d’inconfort qui fascine plutôt que rejeter, ces images provoquées par ce qu’il ressent et qui nous perdent un peu entre la réalité et l’imaginaire. Standish est, comme le disait la bienveillante madame Connolly une brise dans le parc de l’imagination.
Ce sont les images du « Si… ». Si le ballon de foot n’était pas passé par-dessus le mur. Si Hector n’était pas allé le chercher. S’il n’avait pas gardé l’abominable secret pour lui. Si…
Il est important de préciser que le monde dans lequel vit Standish et son grand-père Papou est un monde totalitaire et la zone 7 est en permanence surveillée. Ce monde est à peine décrit mais le peu d’images que provoque l’écriture de Sally Gardner suffit à en donner l’impression : un manteau de cuir, un geste brutal, une parole assassine. Pourtant face à ces individus rustres et sans coeur, s’élève l’absence de peur de Papou et Standish, les résistants. S’ils ont peur, c’est fini. Standish, sans trop comprendre cette vie, et par l’amour qu’il porte à son ami Hector (prénom prédestiné!), se dépassera pour sauver ceux qu’il aime. Standish est notre seul espoir. Sa planète est notre seul espoir. Et la planète dans la tête de chacun est l’espoir de l’humanité.
Une planète dans la tête, Sally Gardner, Gallimard jeunesse.
À noter, ce roman a reçu le prestigieux Carnegie Medal en 2013.