Raconteur d’histoires, poète et créateur du facétieux Émile, découvrez l’écrivain Vincent Cuvellier
Il était notre invité lors du dernier Salon du livre de Montréal, il y a quelques semaines. On l’aimait déjà avant, maintenant on est complètement gaga et on a envie de vous faire lire tout ce qu’il a écrit.
Vincent Cuvellier fête cette année 30 ans d’écriture. 30 ans à écrire des textes pour la jeunesse. Des textes pour les petits avec sa série Émile, petit garçon drôle et facétieux. Mais des textes aussi pour les plus grands comme Les socquettes blanches, qui rappelle la guerre des tuques mais la bataille se passe entre une bande de filles et une bande de garçons ou L’enfant qui grandissait qui traite de la différence et de l’amitié.
Son pouvoir magique à lui, comme il l’appelle, c’est de raconter des histoires.
Il est écrivain et non auteur jeunesse, comme il se défini lui-même dans son essai (destiné aux adultes) paru plus tôt cette année : Je ne suis pas un auteur jeunesse. Cuvellier écrit qu’il raconte avant tout des histoires, sur un tas de sujets, et notamment sur le monde de l’enfance ou le passage de l’enfance à l’adolescence comme dans La fille verte, un texte poétique et intimiste. C’est l’art de raconter ou plutôt celui d’écrire, le point de départ de son travail. Il ne délivre pas un message, il ne choisit pas de traiter d’un thème mais il écrit car c’est un écrivain.
Dans plusieurs albums, toutefois, il met en scène des récits se déroulant pendant la deuxième guerre mondiale.
L’histoire de Clara raconte le sauvetage d’une petite fille juive grâce aux ange-gardiens croisés sur sa route, qui se relaieront pour la cacher et prendre soin d’elle. Dans Je suis un papillon, un après-midi ensoleillé vire au cauchemar quand des militaires nazis débarquent dans le jardin des Hoffman. Il est aussi l’auteur de Ils ont grandi pendant la guerre qui n’est pas un livre sur la guerre mais qui réunit des témoignages de gens alors enfants à cette époque.
Dans chaque album, Vincent Cuvellier change de point de vue, joue avec les niveaux de langage et s’amuse même à confronter la langue d’hier et celle d’aujourd’hui dans Le temps des Marguerite. Deux petites filles y enfilent, à 100 ans d’intervalle, dans la même pièce d’une maison, la même robe et lorsqu’elles sortent du grenier, elles ont aussi changé d’époque et de famille. La mise en page et les dessins drôles et doux de Robin nous invitent à découvrir les deux histoires en parallèle, une en haut de la page en 1910 et une en bas en 2010. Un livre drôle et pétillant à l’image des héroïnes.
Si je devais en choisir un pour vous faire découvrir la poésie de Vincent Cuvellier, ce serait La première fois que je suis née. L’auteur se glisse dans la peau d’une petite fille de sa naissance jusqu’au moment où elle deviendra mère à son tour. Chaque étape est décrite avec justesse avec beaucoup d’émotion, le livre est illustré avec la même retenue et la même simplicité par Charles Duteurtre. La dernière phrase est une poésie à elle toute seule. La petite fille, devenue mère à son tour, déclare à son petit bébé : « La première fois que tu es née, c’est la deuxième fois que je suis née ». Une ode à la maternité, à la vie, au temps qui passe, de la littérature à l’état pur à lire et à relire de 7 à 77 ans. Dans Mon fils paru cette année, il fait écho à cette histoire en parlant de sa relation avec son fils. Dans ces deux albums, il décrit magnifiquement l’amour filial.
Au Québec, cela fait longtemps qu’on aime son Émile à qui les libraires ont décerné le prix des libraires en 2013 pour Émile est invisible. Dans sa dernière aventure parue en octobre, Émile rêve, Émile rêve. Dans Les Mots d’Émile arrivée en même temps sur les tables des libraires, il nous invite aussi à découvrir ses mots préférés comme lardon, piscine ou énergumène.